La Suisse est un pays du Vin, encore bien méconnu, rempli de
personnalité, de conviction et de fierté.
On
y trouve dans le Valais le vignoble le plus haut perché d’Europe : Visperterminen
à 1 100 mètres d’altitude ainsi que le vignoble le plus
confidentiel au monde : Farinett avec ses 3 pieds de vigne.
La
Viticulture en Suisse s’étend sur une superficie totale de 15 000 ha (1,7%
du vignoble français et 0,2% du vignoble mondial), elle suit la vallée du
Rhône, elle est principalement concentrée à l’Ouest et au Sud du pays,
dans les cantons de Genève, Neuchâtel, Tessin, Valais et Vaud.
La carte Suisse et ses 23
Cantons
Principaux Vignobles
(94% de la superficie )
1.
Les vins du Valais ( 34% du
vignoble )
2.
Les vins Vaudois (26% du vignoble
)
3.
Les vins du canton de Genève (9%
du vignoble )
4.
Les vins du Tessin (6,8% du
vignoble )
5. Les vins de la Région des trois lacs : Neuchâtel/Bienne/Morat
( 6,3% du vignoble )
6. Les vins Zurichois ( 4,3% du vignoble )
7. Les vins de Schaffhouse ( 3,2 % du vignoble )
8. Les vins des Grisons (2,1 % du vignoble )
9. Les vins du Canton de Berne, Région du Lac de Thoune (1,7 % du
vignoble )
La Production et les Rendements
Selon les
chiffres de l’Office fédéral de l’agriculture, la production vinicole suisse atteignait en
2005 1 million d’hectolitres dont 479 000 hl de blanc et 522 500 hl de
rouge. La presque totalité de la production est consommée localement, seul 1
à 2% sont exportés.
Le rendement moyen est assez élevé,
autour de 70 hl/ha. Toutefois, les vignerons insistent sur le fait que la
densité de plantation reste très élevée, par exemple dans le Valais :
entre10 et 12 000 pieds à l’ hectare.
Production de vins Rouges par
cantons ( en hectolitres )
Production de vins Blancs par cantons ( en hectolitres )
La tradition vitivinicole en Suisse est très ancienne, elle remonte au moins à l’époque romaine. Des indices archéologiques tendent à prouver que la culture de la vigne existait en Valais bien avant l’époque romaine. Entre 1989 et 1999, lors d’une fouille à Gamsen, on a découvert des pépins de raisins datant de l’âge du fer. Il y avait donc des grappes de raisin en Valais bien avant l’arrivée des romains. Reste à prouver qu’ils proviennent bien d’une vigne indigène cultivée.
Au 12 ème siècle, les vignobles étaient déjà organisés, comme le prouvent les premiers documents écrits. Les recherches viennent d'ailleurs détruire la légende : la vigne n’était pas entre les mains exclusives d’abbayes et de moines, mais entre celles de nombreux propriétaires. Les historiens dépouillent, actuellement, tous les documents relatifs aux vignes dans les archives publiques et privées. L'analyse des actes notariés de l’époque est très enrichissante, particulièrement ceux touchant aux reconnaissances : dans ces documents, les locataires des terres reconnaissent tenir leurs biens d’un seigneur (propriétaire). Les historiens tentent également de dessiner la mise en place de la vigne et l’évolution du paysage viticole.
Réglementation et Appellations
Il n'existe pas à proprement parler de réglementation suisse, chacun des 20 cantons pratiquant la viticulture a sa propre réglementation. Dans le cadre de la politique agricole PA2011 adoptée en 2007, toutes les aires de production suisses sont soumises au règlement « AOC Suisse » à compter du 1er janvier 2008. La réglementation en matière de vin proposée par la Confédération s’inspire des principes de la réglementation européenne ( délimitation des zones de production, types de cépage, pratiques culturales, méthodes de vinification, titre alcoométrique minimum, rendement à l’ha, évaluation des caractéristiques organoleptiques… ).
Le Terroir et le Climat
Vingt cantons sur vingt trois
cultivent la vigne, parfois en terrasses sur des coteaux abrupts, avec
une grande diversité de terroirs : granit, calcaire, terres limoneuses
riches en graviers, schiste, grés.
La Suisse possède un climat
Continental avec deux éléments spécifiques : les Alpes formant un
barrage protecteur, isolant la vallée en la protégeant des pluies et le Fœhn,
vent méditerranéen chaud, parfois violent qui balaye les nuages et exerce une
action salutaire contre le danger de pourriture et favorise la maturation des
baies. De plus, les vignobles s'épanouissent le long des lacs et des cours
d'eau grâce aux micro-climats qu'ils induisent.
Les Cépages
Les vignerons suisses
offrent une diversité remarquable. Outre les incontournables Chasselas,
Pinot Noir ou Gamay, ils nous offrent une centaine de cépages
différents, spécialités typées et racées :
Petite Arvine, Amigne, Humagne, Heida, Rèze et Gamaret magnifiés par
l’inventivité et le travail acharné des
vignerons toujours prêts à tenter de nouvelles expériences.
Plusieurs cépages spécifiques sont nés à Nyon près de Genève à la station fédérale de Changins : centre de Recherche et de Formation unique en Suisse dans les domaines de la viticulture, de l’œnologie et de l’arboriculture.
Les
9 Régions viticoles de Suisse
Porte drapeau des vins Suisse, il offre des vins moelleux de
réputation très forte, de sublimes vins rouges et d’étonnants vins blancs. Il
représente à lui seul un tiers de la superficie viticole suisse, le
Valais est le plus grand producteur du pays avec ses 120 00 parcelles.
5 158 ha – une production de 155 000 hl en blanc et
225 000 hl en rouge
Une région unique au monde par la diversité et le potentiel de ses vins autochtones et traditionnels. Le Valais présente la plus grande diversité des sols en Suisse, ce qui favorise une parfaite adéquation des cépages et du climat et contribue à créer des vins exceptionnels, murs et concentrés.
Ses vignes sont plantées tout au long de la vallée du Rhône, en général jusqu'à 800 m d'altitude voir à 1 100 m, à Visperterminen à l’Est de Sierre ou l’on peut déguster un vin doré aux senteurs de prairies alpines nommé « Haida » ou « Païen ».. Un climat alpin, soleil intense et sécheresse l’été ( 2 090 heures d'ensoleillement pour quelques 700 mm de précipitations annuelles ), certains comparent son climat à celui de Bordeaux. On y trouve également la plus petite vigne cadastrée au monde : Farinett, près de Saillon, 3 pieds de vigne sur 1,618m2, appelée vigne de la paix, ayant appartenu à l’Abbé Pierre et actuellement au Dailaï Lama. Le mout récolté est mélangé tous les ans à une bonne cuvée, 1 000 bouteilles sont numérotées et vendues en faveur de l’enfance déshéritée.
17 AOC valaisannes :
Fully – Saxon – Saillon – Chamoson – Ardon – Vétroz – Conthey – Savièse – Sion – Grimisuat – Ayent – Lens – Miège – Venthône – Les coteaux de Sierre – Salquenen et Varen.
Les principaux Cépages du Valais :
Chasselas : 1 238 ha, Silvaner : 215 ha, Petite Arvine : 130 ha, Chardonnay, Pinot gris, Amigne, Pinot blanc, Humagne, Sauvignon, Müller-Thurgau.
Pinot noir : 1 767 ha, Gamay : 791 ha, Syrah : 146 ha, Humagne rouge : 108 ha, Cornalin, Gamaret, Merlot, Garanoir.
N° 2 - Les vins
vaudois
Des terrasses de Lavaux aux pentes abruptes du Chablais, en passant par les
doux vallonnements de La Côte, le canton de Vaud compte 29 AOC réparties sur quatre régions : La Côte
Vaudoise – Lavaux – Le Chablais et les Côtes de l’Orbe .
Des vignes surplombant le lac de Genève, un climat plus tempéré offre des
vins plus tendres, moins concentrés, les vins blancs sont fumés voir iodés.
Toutefois, les rendements sont un peu trop élevés.
3 882 ha – une production de 204 500 hl en blanc et
78 000 hl en rouge
·
La Côte vaudoise
8 Appellations Lavaux dont 2 Grands Crus :
Lutry, Vilette, Epesses, Calamin Grand Cru, Dézaley grand Cru (vignoble de la commune dePuidoux), Saint Saphorin, Chardonne, Vevey-Montreux.
À l’Est du canton, 800 ha de vignes accrochées à la pente.
5 Appellations Chablais vaudois : Villeneuve, Yvonne, Aigle, Ollon, Bex.
Plus au Nord et le long des rives du lac de Neuchâtel avec 300 ha de vignobles.
2 Appellations Côtes de l’Orbe : Bonvillars et le Vully vaudois.
Les principaux Cépages utilisés : 74% de chasselas, 12,5% de Gamay, 10,5% de Pinot noir et quelques spécialités de blancs et rouges ( 3% ).
Genève est le troisième canton viticole de Suisse. On compte une centaine de caves dans le canton qui proposent, à côté du Chasselas, toute une série de spécialités, des cépages tels que le Gewurztraminer et le Viognier en passant par le Cabernet–sauvignon et le croisement intéressant qu’est le Gamaret.
1 400 ha - une production de
41 500 hl en blanc et 46 000 hl en rouge.
13 Communes ayant un statut d'appellation :
Chouilly, Satigny, Peissy, Russin, Dardagny, Lully, Bardonnex, Cologny, Jussy, Choulex, Hermance, Céligny, Collex-Bossy.
Les principaux Cépages du canton de Genève :
Chasselas : 477 ha, Müller-Thurgau : 51 ha, Pinot blanc : 41 ha, Chardonnay : 31 ha, Sauvignon blanc, Pinot gris.
Gamay : 440 ha, Pinot noir : 122 ha, Gamaret : 43 ha, Merlot : 11 ha, Garanoir : 11 ha.
Le canton le plus méridional de Suisse, le vignoble est concentré principalement dans la moitié sud du canton, plus favorable climatiquement.
1 028 ha dont 83% plantés en
Merlot - une production de 7 500 hl en blanc - 46 500 hl en rouge.
16 Communes vinicoles du canton:
Giornico, Malvaglia, Biasca, Verscio, Gordola, Tenero, Gudo, Giubiasco, Rivera, Morcote, Rovio, Stabio, Pedrinate, Morbio, Chiasso, Castel San Pietro.
Les principaux Cépages du Tessin :
Chardonnay : 34 ha, Chasselas : 8 ha, Sauvignon Blanc : 8 ha, Müller-Thurgau : 4 ha, Pinot gris : 2 ha et divers.
Merlot : 849 ha, Pinot noir : 15 ha, Gamaret : 9 ha, Syrah : 2 ha, divers : 85 ha (Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc et Bondola ).
Ainsi nommée car elle comprend les lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat, le vignoble s’étend sur les trois cantons de Neuchâtel, Berne et Fribourg.
25 Communes ayant un statut d'Appellation :
Vaumarcus, Fresens, Saint-Aubin-Sauges, Gorgier, Bevaix, Boudry, Cortaillod, Auvernier, Corcelles-Cormondrèche, Peseux, Neuchâtel, Hauterive, Saint-Blaise, Cornaux, Cressier, Le Landeron, La Neuveville, Schafis, Ligerz, Twann, Tüscherz, Vigneulles, Erlach, Tschugg et Vully.
Les principaux Cépages pour le canton de Neuchâtel uniquement :
Chasselas : 282 ha, Pinot gris : 21 ha, Chardonnay : 17 ha, Müller-Thurgau : 4 ha, Sauvignon Blanc.
Pinot noir : 275 ha, Garanoir, Gamaret.
Le canton de Zurich abrite le plus grand vignoble de Suisse Alémanique. La majeure partie se situe sur les rives du lac de Zurich, la vallée de la Limatt et le Weinland zurichois plus au Nord.
644 ha - une production de 11 500 hl en blanc et 21
000 en rouge
13 Communes vinicoles du canton :
Unterstammheim, Oberstammheim,
Dachsen, Andelfingen, Flaach, Neftenbach, Seuzach, Eglisau, Weiningen, Meilen,
Stäfa, Au, Wädenswil.
Les principaux Cépages :
Müller-Thurgau : 166 ha, Chardonnay : 10 ha, Pinot gris : 9 ha, Sauvignon Blanc : 6 ha, Pinot Blanc.
Pinot noir : 380 ha, Garanoir : 5 ha, Gamaret : 2 ha.
Les Cépages utilisés : Riesling - Sylvaner, Chardonnay, Garanoir, Pinot Noir.
Aligoté : Probablement d'origine
bourguignonne, l'aligoté a été introduit à Genève vers 1909. On compte
actuellement 20 ha de ce cépage dans le canton du bout du lac,
cependant, sa présence reste anecdotique dans les autres vignobles. L'aligoté
mûrit en même temps que
le chasselas et
présente des grappes moyennes, très compactes et très sensibles à la pourriture
grise. Les vins d'aligoté sont en général assez vifs et légèrement aromatiques.
Amigne : Cépage autochtone du Valais, presque
exclusivement limitée au coteau de Vétroz. L'amigne est une variété tardive,
très sensible au millerandage (avortement prématuré d'une partie des baies).
Les baies, de petite taille, sont en général très sucrées et plutôt neutres.
Les vins sont caractérisés par des arômes très fins (mandarine) et parfois une petite note tannique. Ils méritent
souvent d'être oubliés quelques années en cave.
Chardonnay : Ce cépage a fait la renommée de
la Bourgogne et de la Champagne, en Suisse, on en trouve dans les principaux
cantons viticoles : GE, VD, VS, Suisse alémanique, TI. Le
chardonnay est un cépage précoce, sensible à l'oïdium et à la pourriture grise.
Ses grappes, généralement petites et compactes portent des baies à saveur
légèrement aromatique. Les vins de chardonnay sont reconnaissables à leurs
arômes fins et fruités et à leur velouté en bouche. Ils peuvent également
servir de base à l'élaboration de mousseux.
Charmont : Croisement de chasselas et de chardonnay obtenu en 1965 à
Changins. Ce cépage est actuellement peu planté en Suisse (moins de 5 ha
recensés). Il mûrit en même temps que le chasselas, mais produit moins et
plus régulièrement. Dans de bonnes situations viticoles, les vins se
rapprochent de ceux du chardonnay sans toutefois en avoir l'élégance.
Chasselas : Malgré une régression des
surfaces cultivées, il demeure le cépage blanc le plus cultivé en Suisse
(4595 ha en 2005, soit 30 % de la surface exploitée). C'est le cépage
roi du canton de Vaud. En Valais, les vins de chasselas prennent le nom
de Fendant. C'est une variété précoce, vigoureuse, qui donne de
grandes grappes prenant une belle coloration dorée à l'approche des vendanges.
Consommés jeunes, les vins sont en général peu acides, gouleyants et aux arômes
biens caractéristiques de leur terroir d'origine (fins et floraux dans certains
cas, minéraux ou fruités dans d'autres situations). Les vins de chasselas sont
consommés à l'apéritif, avec les mets aux fromages (raclette, fondue) et
autres poissons des lacs. Selon les vins et les millésimes, les bouteilles
peuvent être oubliées en cave quelques années, et l'on aura alors la chance de
découvrir un produit tout différent, aux arômes de cire et à la belle couleur
jaune paille qui piégera n'importe quel dégustateur, même très averti!
Doral : Obtenu en 1965 à Changins, le
doral est, comme le charmont, issu d'un croisement de chasselas et de
chardonnay. Il n'est donc cultivé qu'en Suisse, dans les cantons de
Vaud et du Tessin. Il fait actuellement l'objet d'une étude systématique
de comportement sur une série de terroirs différenciés du canton de Vaud. Le
doral est un cépage à maturité précoce (il est mûr avant le chasselas). Il
donne des vins légèrement aromatiques et corsés qui se prêtent bien à un
certain vieillissement. Depuis quelques années, des producteurs se sont essayés
avec succès à produire des vins doux à base de doral. Il paraît aussi bien adapté
à la production de mousseux.
Humagne blanche : C’est un vieux cépage autochtone qui
n'est cultivé qu'en Valais, il
produit de manière régulière. La grappe est moyenne et porte des baies à
saveur neutre. Les vins sont généreux, mais bien équilibrés grâce à une bonne
acidité qui leur confère également un bon potentiel de vieillissement. Les vins
d'humagne blanche sont traditionnellement appelés vins des accouchées pour
leur vertu revigorante.
Marsanne Blanche ou
Ermitage :
Originaire de la région de Montélimar où elle est souvent cultivée en
association avec la roussane. Ce cépage productif et tardif n'est planté en
Suisse que dans les meilleures expositions du Valais. Les vins
d'ermitage sont riches, complexes et caractérisés par leurs arômes de petits
fruits rouges, de sous-bois ou de truffe. Secs ou liquoreux, ils sont souvent
vinifiés sous bois et expriment alors tout leur potentiel.
Müller-Thurgau : Ce cépage, encore récemment
appelé à tort Riesling-Sylvaner a été obtenu, en 1882, à
l'Institut de recherche d’œnologie de Geisenheim, en Allemagne, par le
professeur H. Müller, originaire de Thurgovie. C'est actuellement le cépage
blanc majoritaire en Suisse alémanique (485 ha). Le Müller-Thurgau est
très productif et sensible à la pourriture. La maturité est précoce (avant
celle du chasselas). Les vins sont peu acides, gouleyants et reconnaissables à
leur bouquet finement musqué.
Muscat blanc : Ce cépage serait
originaire du Proche-Orient et s'est fortement développé sur le pourtour
méditerranéen. En Suisse, on le trouve surtout en Valais mais
également à Genève. Sa maturité est tardive et très hétérogène sur
une même grappe. Le muscat donne des vins à très forte intensité aromatique
caractérisée par des notes dites musquées.
Païen : Ce cépage est également connu
sous le nom de Savagnin blanc dans le Jura français ou Heida
dans le Haut-Valais. Le païen fait partie de la même famille de
cépages que le gewurztraminer, dont il ne possède pas les caractères
aromatiques. En Suisse, il est cultivé essentiellement en Valais et, en
particulier, dans le vignoble de Visperterminen à 1100 m d'altitude.
Dans ces conditions climatiques particulières, les vignerons peuvent
compter sur un coup de pouce divin : le fœhn, ce vent chaud soufflant
d'Italie permet d'amener le païen à maturité. Les vins de païen sont gras,
complexes, puissants et marqués par des notes de fruits exotiques. Dans la
plaine, il mûrit entre le chasselas et la petite arvine et donne de petites
grappes compactes aux baies jaunâtres légèrement aromatiques. A ne pas
confondre avec le salvagnin, nom donné dans le canton de Vaud à l'assemblage de
pinot noir et de gamay.
Petite
Arvine : Valaisan
à part entière, ce cépage originaire de la région de Martigny n'est cultivé
en Suisse que dans ce canton (130 ha) où il fait figure de véritable
ambassadeur. La petite arvine est très exigeante du point de vue climatique; on
la réserve donc aux meilleures expositions de la rive droite du Rhône. Vinifiée
en sec, elle donne des vins de grande classe, aux arômes fins de pamplemousse,
glycine, rhubarbe et miel, et dotés d'une petite note salée caractéristique du
cépage. Les vins issus de vendanges tardives sont harmonieux, puissants
et méritent d'être conservés plusieurs années pour être appréciés à leur
optimum.
Pinot blanc : Une vieille mutation blanche de
la famille des pinots. Il est planté dans tous les vignobles suisses :
VD, GE, Suisse alémanique, VS, Trois-Lacs, cependant, il a tendance à être
arraché au profit de variétés plus traditionnelles, telle la petite arvine en Valais.
Le pinot blanc est, comme les autres cépages de la famille, très sensible à la
pourriture grise. A maturité, il donne de petites grappes compactes portant des
baies verdâtres à saveur neutre. Les vins sont vifs et marqués par de subtils
arômes citronnés ou de fruits blancs. Le pinot blanc est aussi utilisé en
assemblage pour l'élaboration de vins mousseux.
Pinot
gris : Autre mutation du pinot noir de
Bourgogne, ce cépage est largement planté en Alsace, Allemagne, Autriche,
Italie du Nord. En Suisse, on le trouve sur tout le territoire :
Suisse alémanique, Trois-Lacs, GE, VD, VS et TI. La finesse de la
pellicule de ses baies en fait un cépage très sensible à la pourriture,
mais également un candidat idéal à la surmaturation. De fait, nombre de
producteurs ont désormais ajouté à leur gamme un vin doux de pinot gris (appelé
malvoisie en Valais) et obtenu soit par passerillage ( séchage
naturel du raisin sur le cep afin d’augmenter sa teneur en sucre ), soit par
séchage des grappes sur des clayettes dans des enceintes déshumidifiées, soit
par cryoextraction ( concentration des moûts par congélation ). Les vins
obtenus sont en général complexes aux arômes bien marqués de coing et de pêche
et dotés d'une belle structure.
Räuschling : Ce cépage était jadis très répandu dans toute la Suisse
alémanique et a été progressivement abandonné en raison de ses fortes
irrégularités de production. Récemment réhabilité, on le trouve actuellement
planté sur 22 ha principalement dans la vallée de la Limmat
et dans la région du lac de Zurich. Sensible au botrytis, il donne
des vins dotés d'une belle acidité, d'arômes très fins. Il est un
compagnon privilégié des poissons d'eau douce.
Rhin ou Johannisberg : C'est le nom
valaisan du Sylvaner. Ce cépage serait originaire de vignes sauvages
de la région du Danube et est actuellement cultivé dans de nombreux
vignobles du monde. En Suisse, on le trouve principalement en Valais (215
ha) et particulièrement sur le cône de déjection de Chamoson où il semble
avoir trouvé son territoire de prédilection. Le Rhin est un cépage sensible aux
maladies cryptogamiques (oïdium, pourriture) et qui mûrit une dizaine de
jours après le chasselas. Ses rendements sont assez réguliers, car il est
peu sensible à la coulure. Les vins de johannisberg sont légèrement
aromatiques, fins et souvent caractérisés par une légère amertume finale, ce
qui en fait un vin fort apprécié avec les asperges.
Rèze :
C’est un vieux
cépage valaisan, autrefois largement cultivé, mais qui a été abandonné au
profit du chasselas, plus productif et surtout plus régulier. La rèze sert
notamment à faire le fameux vin des glaciers à Sierre ( les
tonneaux de mélèze ne sont jamais vidés ; chaque année, on ajoute du vin
nouveau, il peut avoir plus de 100 ans ). La rèze est un cépage tardif,
irrégulier et qui donne de petites grappes compactes et dorées. Sa rusticité
lui confère une bonne résistance aux maladies et aux ravageurs communs à nos
vignobles. Les vins sont en général vifs et assez neutres.
Sauvignon blanc : L'origine de ce cépage reste incertaine, mais l'aura
de ses vignobles de prédilection (Bordeaux et Sancerre entre autres) lui
a permis d'acquérir le statut de cépage international. En Suisse, il est
principalement cultivé à Genève (29 ha). Le sauvignon porte de petites
grappes très compactes aux arômes typiques de buis. Les vins sont dotés
d'une belle acidité et toujours très aromatiques, parfois au détriment de la
finesse, selon les terroirs et les millésimes.
Principaux
Cépages Rouges
Bondola : Cépage local tessinois, la
bondola, très répandue avant l'introduction du merlot, a vu son aire de
culture se réduire progressivement depuis le début du 20ème siècle, on ne
recense plus que 15 ha. Variété sensible à la pourriture, la bondola
donne des vins rustiques, très colorés et aux arômes typiques de cerise.
Cabernet franc : Originaire du Bordelais, ce
cépage connaît une large diffusion dans le monde entier. Vinifié en assemblage
avec le Merlot, le Cabernet Sauvignon, il est présent dans le vignoble suisse
depuis les années 90, et cela dans les trois régions linguistiques (environ
40 hectares). Ce cépage est apprécié pour ses tanins soyeux et son fruité
caractéristique. Selon les terroirs, ce sont des arômes de framboise, de
violette ou encore de cassis qui domineront. Par contre, ce cépage tardif est
très sensible à un manque de maturité. Dans un tel cas, ce sont des notes de
poivrons verts qui domineront. Ce cépage est également caractérisé par un
potentiel en sucre, en acidité et en polyphénols (intensité colorante et
structure tannique) plutôt moyen.
Cabernet
Sauvignon : C’est le cépage par
excellence du Bordelais et très certainement le cépage de cuve le plus répandu
au monde. Il est présent dans le vignoble suisse déjà depuis les années 70,
certes de manière très modeste à ses débuts. Aujourd'hui, il couvre 53 ha,
il est présent dans les 3 régions linguistiques de Suisse. Aisé à
cultiver, avec un débourrement plutôt tardif, il ne craint pas trop les gelées
printanières et, mis à part l'oïdium, il se révèle plutôt peu sensible aux
diverses maladies cryptogamiques. Le Cabernet Sauvignon est un cépage très
tardif qui permet d'obtenir des vins possédant une structure tannique très
intéressante et une couleur soutenue à bonne maturité. Généralement apte au
vieillissement, il est souvent élevé en fûts permettant ainsi aux arômes
complexes de ce cépage de s'exprimer pleinement. Un manque de maturité, par
contre, laisse une dominance d'arômes à caractère herbacé. Le Cabernet
Sauvignon est rarement vinifié seul. En effet, il gagne en rondeur et en gras
lors d'assemblages réussis.
Carminoir : Ce cépage obtenu en 1982 à la
Station fédérale de Changins est issu d'un croisement de pinot noir et de
cabernet-sauvignon. Il est actuellement cultivé sur de petites surfaces au Tessin
(2 ha) et en Valais (3 ha). Le carminoir est une variété tardive qui
mûrit en même temps que son père le cabernet-sauvignon. Producteur régulier et
peu sensible à la pourriture, il donne des vins aux bouquets complexes
fruités et épicés, très colorés et bien charpentés.
Cornalin : Vraisemblablement originaire de
la zone alpine, le cornalin ne se rencontre qu’en Valais et dans la vallée
d’Aoste (Italie). Le cornalin mûrit tard, produit irrégulièrement, il est
très sensible à la pourriture et à la carence magnésienne (rougissement
prématuré du feuillage). Pour ces raisons, il avait été progressivement
délaissé, mais revient maintenant en force ; les surfaces cultivées ont triplé
en dix ans pour atteindre 79 ha en 2005. Si la charge du cep est bien
maîtrisée, les vins sont concentrés, rustiques et présentent des notes
sauvages et épicées.
Diolinoir : C’est un cépage intra
spécifique obtenu à la Station fédérale de Changins, issu d'un croisement de
robin noir et de pinot noir. Il résiste bien à toutes les maladies et parasites
de nos vignobles. Il est planté dans plusieurs régions viticoles : VS,
VD, Suisse alémanique, TI et Trois-Lacs. Ses vins sont riches en couleur et
en tanins, mais plutôt neutres. Il est donc fréquemment utilisé en assemblage,
dans le Valais par exemple.
Gamaret : il a été obtenu en 1970 à
Changins par croisement de gamay et de reichensteiner (cépage blanc allemand).
Il est le petit frère du garanoir. On le retrouve dans tous les vignobles
de Suisse romande : GE, VS, VD, Trois-Lacs et Tessin. Il mûrit
comme le pinot noir mais, contrairement à ce dernier, résiste fort bien à
la pourriture. Il peut donc attendre et donne alors des vins très colorés, aux
arômes parfois épicés et à la structure tannique bien présente. D'abord destiné
au coupage des vins indigènes, le gamaret donne aussi de très beaux produits
quand il est vinifié pur et élevé sous bois.
Gamay : Le gamay est probablement
originaire de Bourgogne. Il occupe une place importante en Suisse
romande : VS, VD, GE où il devance le chasselas. Le gamay est une
variété à maturité précoce et sensible aux maladies cryptogamiques de nos
vignobles. Très gros producteur, il doit être déchargé sévèrement pour obtenir
des vins de bonne qualité. Dans certaines conditions de terroir et rendement,
il peut aussi donner des vins charpentés et épicés. Le gamay est
également souvent vinifié en rosé, seul ou en assemblage (dôle blanche).
Garanoir : Croisement de gamay et de
reichensteiner, le garanoir a été obtenu en 1970 à Changins, en même temps que
le gamaret. Il est planté dans tous les vignobles nationaux à l’exception
du Tessin : VD, VS, GE, Suisse alémanique. Son aire de
culture s’est fortement accrue ces dernières années. Sa maturité est
précoce et les grappes résistent bien à la pourriture. Des études menées
à Changins ont démontré que l’on avait intérêt à oublier ce cépage et à le
laisser dépasser sa maturité physiologique. Dans ce cas, il est alors
nécessaire de le couvrir, car les oiseaux semblent beaucoup apprécier les baies
sucrées et juteuses du garanoir! Les vins sont peu acides et ont des tanins
bien présents, mais très veloutés. Le garanoir est utilisé comme vin de
coupage. Toutefois, il est aussi vinifié pur ou en assemblage.
Humagne rouge : D'origine encore inconnue,
l'humagne rouge n'est cultivée qu'en Valais (108 ha) et dans la vallée
d'Aoste, où elle porte le nom de Cornalin d'Aoste. Cépage
tardif, on lui réserve les meilleurs emplacements de la rive droite du Rhône.
La grappe est grande, bleutée et compacte, et donne des jus incolores et
peu acides. A bonne maturité, les vins présentent des caractères sauvages
marqués qui se marient à merveille avec le gibier. L'humagne rouge ne
possède aucune parenté génétique avec l'humagne blanche.
Merlot : Variété typique du Bordelais, le
merlot est le cépage quasi exclusif du Tessin, où il représente 81
% de la surface plantée. On le trouve également en Valais, à
Genève et sur de petites surfaces dans le canton de Vaud. Il est
sensible au gel de printemps et à la pourriture grise, ce qui peut
parfois poser des problèmes lors d'automnes humides au sud des Alpes. Les
vins de merlot sont fruités et dotés d'une belle couleur rubis. Il peut
parfois présenter des notes herbacées en cas de maturité insuffisante. Au
Tessin, il est aussi vinifié en blanc ou en rosé par pressurage
direct ou légère macération. Il prend alors le nom de Rosato ou
Bianco di Merlot.
Pinot noir : La renommée des grands terroirs
de Bourgogne a favorisé l’extension de son aire de culture sur toute la planète
viticole. En Suisse, on le retrouve dans presque tous les vignobles : Premier
cépage en Suisse depuis 2005 : Trois-Lacs, Suisse alémanique, GE, VS, VD.
Les vins de pinot noir sont caractérisés par une couleur peu intense, des
arômes fins et racés de fruits rouges et une bouche bien structurée. Vinifiés
en rosés ou en blancs, ils prennent respectivement les noms d’œil de
perdrix ou perdrix blanche à Neuchâtel. On les retrouve aussi fréquemment
en assemblage avec du gamay. Ils se dénomment alors Dôle en Valais
ou Salvagnin dans le canton de Vaud.
Plan robert : Des études génétiques ont
démontré que le plant robert n'était pas un cépage à part entière, mais une
sélection hautement qualitative de gamay. Cultivé exclusivement entre les
villages de Cully et d'Epesses dans le vignoble de Lavaux (VD), on
peut trouver les vins sous diverses appellations (plant robaz, plant rebez),
mais tous les greffons sont issus d'une même sélection effectuée dans les
années soixante par un vigneron local. Les vins sont en général vifs, fruités
avec des arômes marqués de fruits noirs et une légère note épicée. Depuis
quelques années, les producteurs ont protégé la dénomination et édicté
un cahier des charges.
Servagnin : Il ne s'agit pas d'un cépage à part entière, mais d'une
sélection de pinot noir qui aurait été implantée dans la région morgienne (VD)
dès le 15ème siècle. Producteur irrégulier et de surcroît très sensible
aux maladies, le servagnin aurait été progressivement abandonné au profit du
gamay jusqu'à ce qu'un groupe de producteurs décide de réhabiliter cette
variété locale. Le servagnin est désormais une marque protégée
garantissant l'origine ampélographique, géographique, et l'itinéraire technique
(vigne et cave) du produit fini.
La Syrah est le principal cépage rouge des
appellations de Côtes-du-Rhône septentrionales françaises. Elle a été
introduite en Valais en 1926 et s'est ensuite répandue dans les autres
cantons helvétiques : VS, TI, GE, VD. Ce cépage est très sensible à
la coulure (avortement prématuré des futures baies) en cas de mauvaises
conditions climatiques à la floraison. Les vins sont colorés, charpentés et
reconnaissables à leur note poivrée et épicée caractéristique.